Tuesday, March 4, 2008

BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS »


CASTING La force du film repose largement sur le capital sympathie dont bénéficient Dany Boon et Kad Merad. Leurs noms sont une double promesse de rire et leurs identités, qui jouent comme une opposition géographique (l'un pour le Nord, l'autre pour le Sud), fonctionnent en parfaite complémentarité. Le reste du générique est un dosage très équilibré de caractères, à commencer par les trois rôles féminins principaux : Zoé Félix au physique agréable et consensuel ; Anne Marivin la petite nouvelle, véritable visage de la bonne humeur ; Line Renaud surprenante et d'autant plus vraie dans le rôle qu'elle retrouve ici ses racines.

Si l'on y ajoute la bouille, craquante, du petit garçon (...), c'est mieux qu'un générique : un sans-faute.

SCENARIO Un directeur de poste, prêt à se faire passer pour handicapé dans le but de décrocher un emploi sur la Côte d'Azur, récolte finalement une mutation sanction dans le Nord où il verra tous ses préjugés s'effondrer. En imaginant cette histoire, Dany Boon, aidé d'Alexandre Charlot et Franck Magnier (deux ex-auteurs des « Guignols », également appelés en renfort sur « Astérix »), a privilégié les deux éléments clés d'une comédie à succès : d'une part l'efficacité d'une trame simple mais solidement construite, avec un habile dosage d'histoires d'amour et d'amitié ; d'autre part, un moteur comique qui a fait ses preuves (« la Chèvre », « l'Emmerdeur »...). En toile de fond, iloeuvre pour une réconciliation nationale nord-sud. C'est le côté pacifique, clairement déclaré, d'un scénario où personne n'en veut à personne. Reposant.

ESTHETIQUE Même s'il a reconstitué son bureau de poste en région parisienne - pas question d'envahir la poste de Bergues en pleine activité - Dany Boon a privilégié le naturel et l'authenticité des lieux, sans chercher à embellir quoi que ce soit. En témoignent les scènes tournées devant la baraque à frites, sur la place du beffroi. Il s'amuse même à transformer une petite cité minière désaffectée en décor ultra-délabré, propre à casser la baraque à l'office du tourisme le plus zélé. Dès qu'il le faut, Dany Boon sait aussi célébrer la beauté d'un pays qu'il aime d'amour : par des vues aériennes autour du beffroi, notamment - le monument est inscrit au Patrimoine de l'Unesco-et par des scènes nocturnes très réussies.

SYMBOLIQUE Ce n'est pas seulement le film aux 3 millions d'entrées en deux semaines, c'est aussi un film à plusieurs entrées sur ce qu'il veut exprimer. La première valorise le retour aux racines, l'amour de son pays. Et si tout le monde n'est pas ch'ti, tout le monde, ou presque, garde au fond de soi une langue intime, une terre, un patois. C'est précisément ce qui caractérise le deuxième aspect de ce film : le jeu avec la langue, ses surprises, ses trésors : un sujet d'autant plus inattendu que personne, excepté Robert Guédiguian avec « Marius et Jeannette » tourné à l'Estaque près de Marseille, n'a osé redonner son charme et ses lettres de noblesse à une expression locale.

BUDGET Le film a été produit pour 11millions d'euros, dont 2,4 millions apportés par TF 1 qui aura l'exclusivité de la première diffusion télé.

RENTABILITE Le film de Dany Boon va être une très bonne affaire. Il lui suffisait en effet de 2 millions d'entrées en salles pour amortir son coût de production. Or, « les Ch'tis » s'avancent vers les 5millions d'entrées à la vitesse grand V, et peuvent viser les 10 millions de spectateurs. La sortie du DVD, fin août, s'annonce d'ores et déjà comme un carton.

« ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES »
CASTING
Le quatuor central ressemble à un pack d'avants version Chabal. Dans le rôle d'Astérix, Clovis Cornillac part, en prime, avec un atout de poids : il ressemble nettement plus au petit Gaulois que Christian Clavier. Depuis le début, Gérard Depardieu est idéal en Obélix. En Brutus, Benoît Poelvoorde promet de ne pas arrêter son char. Quant àAlain Delon s'autoparodiant en César, voilà quimérite qu'on lui tresse des lauriers. La suite du générique est un savant jeu de construction avec ses failles : des acteurs embauchés ici et là pour leur notoriété (Frank Dubosc, Elie Semoun, Dany Brillant, Francis Lalanne...) mais peu présents à l'écran ; un soupirant, Alafolix, curieusement interprété par un Canadien (Stéphane Rousseau) ; des inconnus venus de toute l'Europe en phase avec la sortie du film dans plusieurs pays ; enfin, un éventail de guests stars sans vrai rôle - Zinedine Zidane, Jamel Debbouze, Michael Schumacher, Amélie Mauresmo... - dont la seule présence est d'attiser la curiosité des spectateurs. Plus qu'un générique, une stratégie.

SCENARIO Qui, du gentil Alafolix ou du mal dégrossi Brutus, fils de César, épousera la princesse Irina (Vanessa Hessler), ravissante fille du roi des Grecs ? La réponse dépendra de leurs performances aux Jeux d'Olympie. Sur cette base, Thomas Langmann, Olivier Dazat mais aussi Alexandre Charlot et Franck Magnier, tous deux également cosignataires des « Ch'tis », n'ont guère fait preuve d'imagination. Ils développent une histoire linéaire, sans aspérités ni vrais gags. C'est l'exemple même du scénario minimaliste qu'un gros déploiement d'effets spéciaux et d'acteurs ne parvient pas à étoffer.

ESTHETIQUE Place à la folie des grandeurs : grands espaces en Andalousie, dans la région d'Alicante ; décors géants, à côté desquels ceux de Cinecitta font pauvres ; méthodes radicales pour détruire un décor qui déplaît et en reconstruire un autre aussitôt (la piste olympique, trop petite pour la course de chevaux, a été multipliée par trois). A cela s'ajoute une accumulation d'effets spéciaux : 1 300 au total contre 800 initialement prévus. « Astérix aux Jeux olympiques » est un produit fabriqué à la manière de Hollywood. L'artifice l'emporte sur le naturel. Tout est conçu pour être spectacle et, selon l'expression familière, « en mettre plein la vue » au spectateur.

SYMBOLIQUE Le film de Thomas Langmann est à vocation européenne. C'est une énorme marmite dans laquelle se dilue tout ce que les Gaulois, pourtant représentatifs de la fameuse « exception culturelle » française, pouvaient avoir d'authentique et de révolté. L'accent est mis sur l'apparence et le côté « blingbling » affirmé du générique. Sous prétexte de plaire aux enfants, il a raboté ses aspects humains. Ce parti pris débouche sur un produit cinématographique formaté pour plaire aux différents publics d'Europe.

BUDGET Près de 100millions d'euros dont 21 consacrés au marketing et à la promotion. TF 1 a apporté 1 million d'euros en part de coproduction. Les droits d'antenne sont fixés à 3 millions mais peuvent évoluer en fonction du nombre d'entrées : à plus de 6millions de spectateurs, la Une versera 4millions d'euros ; à dix, elle paiera 5 millions d'euros.

RENTABILITE De l'aveu même de son producteur, Thomas Langmann, il faut à ce troisième volet d'Astérix un minimum de 10 millions d'entrées en France. Il est désormais certain que ce chiffre ne sera jamais atteint. Langmann peut cependant compter sur les chiffres européens et, bien sûr, sur la sortie du DVD dans six mois. Sur une base de 10 millions de spectateurs, il fallait vendre 1 million de DVD.

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